Le samedi 2 mars 2024 a été marqué par une mobilisation d’ampleur au sein du site d’Arkema, situé à Pierre-Bénite, dans le Rhône. Cette intervention, orchestrée principalement par des militants de Extinction Rebellion et Youth for Climate, visait à dénoncer la pollution par les PFAS, une catégorie de composés chimiques particulièrement persistants et toxiques. Les manifestants, ardents défenseurs de l’environnement, ont franchi les limites du permis en sectionnant les clôtures pour investir la plateforme et exprimer leur désaccord face à la production et à l’utilisation de ces substances.
Le vif du sujet : l’invasion du site d’arkema
Selon les témoignages, plus de 300 individus ont pris part à cette action significative, se matérialisant par un groupe hétérogène arrivant par différents moyens de transport. La scène a été marquée par le déploiement de banderoles portant des messages forts tels que « poison » et des graffitis tels que « PFAS, dites la vérité ! », illustrant de manière frappante la préoccupation des militants face à ces polluants dits « éternels ».
La direction du site d’Arkema, par la voix de Pierre Clousier, n’a pas tardé à réagir, condamnant cette intrusion qui, au-delà de perturber significativement l’activité industrielle, soulève des questions de sécurité tant pour les employés que pour les militants eux-mêmes. En effet, le site, classé Seveso, opère dans un domaine où la manipulation de substances chimiques impose une rigueur et des précautions maximales. Arkema a néanmoins souligné son engagement à éliminer l’utilisation d’additifs fluorés dans sa fabrication d’ici la fin de 2024, marque d’une volonté de transition vers des pratiques plus durables.
Les enjeux sanitaires et environnementaux des pfas
Les PFAS, ou composés per- et polyfluoroalkylés, regroupant plus de 4.700 molécules, sont omniprésents dans notre quotidien. De la poêle en Teflon aux textiles imperméables, leur présence quasi indélébile dans l’environnement et le corps humain justifie leur surnom de polluants « éternels ». Cependant, derrière leurs propriétés antiadhésives et imperméables se cache une réalité plus sombre : lorsqu’ils s’accumulent, leur toxicité potentielle est alarmante, avec des conséquences graves telles qu’une baisse de la fertilité et une augmentation du risque de certains cancers.
Face à cette menace, plusieurs enquêtes journalistiques, lancées dès 2022, ont suscité l’attention des autorités régionales. La diffusion des résultats d’analyses par l’Agence régionale de santé (ARS) sur les eaux de consommation est venue confirmer les craintes. De plus, la mobilisation citoyenne s’est intensifiée, aboutissant à des plaintes collectives pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Cette prise de conscience générale témoigne de l’urgence de trouver des solutions face à la contamination par les PFAS, notamment dans la Vallée de la chimie, qui rassemble plusieurs sites industriels stratégiques au sud de Lyon.
Un contexte régional marqué par l’industrie chimique
La région de Pierre-Bénite se trouve au cœur d’un tissu industriel dense, où l’activité chimique joue un rôle majeur dans l’économie locale. L’annonce récente par le chimiste Daikin de l’ouverture d’une nouvelle unité de production a exacerbé les tensions, reflétant les préoccupations environnementales des résidents. Le cas d’Arkema n’est donc pas isolé et s’inscrit dans un contexte plus large de questionnements sur l’impact de l’industrie chimique sur l’environnement et la santé publique.
Ce cadre souligne l’importance d’une industrie chimique responsable et soucieuse de son impact écologique. À cet effet, une évolution vers des pratiques plus durables est cruciale. L’engagement d’Arkema à éliminer les additifs fluorés d’ici la fin de 2024 constitue un pas dans la bonne direction, mais les efforts doivent se poursuivre pour assurer une transition écologique efficace et globale de l’industrie.
Par ailleurs, la sensibilisation et l’engagement citoyen, illustrés par l’action militante au site d’Arkema, jouent un rôle fondamental dans l’accélération de ces changements. L’exemple de la mobilisation pour une industrie moins polluante n’est pas sans rappeler les succès d’autres entreprises dans le domaine de la transition écologique, comme c’est le cas d’Europlasma, reconnu pour ses avancées significatives dans la réduction de l’empreinte carbone du secteur des transports.
Un pas vers un futur plus vert
L’action des militants au sein du site d’Arkema à Pierre-Bénite représente plus qu’une simple manifestation. Elle incarne le reflet d’une volonté collective de réimaginer l’industrie chimique, non seulement comme vecteur de progrès technique, mais aussi comme acteur clé d’une transition écologique nécessaire et urgente. Les PFAS, symboles de la pollution industrielle persistante, doivent faire l’objet d’une attention particulière, tant de la part des producteurs que des instances gouvernementales, afin de minimiser leur impact sur notre santé et notre environnement.
La problématique des PFAS pose également un défi majeur en matière de réglementation et de recherche de solutions alternatives. Alors que les initiatives pour une industrie moins polluante se multiplient, il est impératif de conjuguer efforts collectifs, innovations technologiques et responsabilité corporative pour construire un avenir plus sain et plus durable pour tous.
L’affaire d’Arkema souligne l’importance de l’écoute et du dialogue entre les entreprises, les citoyens et les autorités, dans la quête d’un équilibre entre développement industriel et préservation de l’environnement. Le chemin vers un modèle économique véritablement vert est semé d’embûches, mais chaque action compte pour s’acheminer vers une société où l’écologie et l’industrie peuvent coexister en harmonie.