La dynamique du marché des panneaux solaires en France se trouve actuellement au cœur d’un tumulte économique et industriel, exacerbée par des défis de taille, notamment l’intensification du dumping chinois. Parmi les répercussions les plus notables de ces turbulences, la cessation d’activités de Systovi, entreprise française pionnière dans la fabrication de panneaux solaires, marque un tournant sombre pour le secteur photovoltaïque tricolore.
Impact du dumping chinois sur le marché français
Ce n’est un secret pour personne que l’industrie solaire mondiale est largement dominée par la production chinoise. Cette prépondérance s’est accélérée soudainement, particulièrement depuis l’été 2023, imposant une pression insoutenable sur les fabricants européens, notamment français. Systovi, qui s’était imposée comme une figure de proue dans ce secteur depuis sa création en 2008 et qui œuvrait avec ses 87 collaborateurs depuis Carquefou, près de Nantes, en est le parfait exemple.
L’entreprise a signalé que ces conditions de marché adverses ainsi que les difficultés à trouver un repreneur depuis mars ont mené à sa mise en liquidation judiciaire. Une situation d’autant plus paradoxale que la France, consciente de l’urgence de renforcer son autonomie énergétique photovoltaïque, avait amorcé en début d’avril un ambitieux « plan de bataille » pour soutenir l’industrie solaire nationale face à cette compétition internationale féroce.
Le plan de bataille français pour le solaire : une ambition contrariée
Dans un effort de redynamisation de son secteur photovoltaïque, le gouvernement français a annoncé son intention de doubler le taux de déploiement des capacités solaires d’ici 2030, visant un soutien accru à la production européenne et notamment française de panneaux solaires, pour faire face à la concurrence chinoise. Cette initiative s’accompagne de l’objectif gouvernemental de mettre en œuvre la construction de deux nouvelles usines de panneaux solaires sur le territoire national d’ici 2025.
En 2023, la France a augmenté ses capacités de production solaire de 3,2 GW, poursuivant une progression entamée l’année précédente avec un ajout de 2,7 GW. Malgré ces efforts, la trajectoire de développement semble insuffisante face aux enjeux de décarbonation urgents du pays. L’ambition est désormais de porter la production solaire à 100 GW d’ici 2035, une révision ambitieuse par rapport à l’horizon précédemment fixé à 2050.
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a souligné l’importance de cette démarche lors d’une visite dans un parc photovoltaïque du sud de la France début avril, affirmant l’objectif de « produire en France 40 % des panneaux photovoltaïques utilisés » d’ici 2030. Cet engagement reflète l’acuité de la nécessité de renforcer l’autonomie énergétique française dans un contexte global tendu. Pour approfondir cette problématique, la polémique entourant le projet EDF pour Neom en est un autre exemple criant.
Le bilan de systovi et perspectives pour l’industrie solaire française
Fondée en 2008, Systovi était devenue un acteur clé de l’innovation dans le domaine des énergies renouvelables en France, avec un chiffre d’affaires s’élevant à 21,5 millions d’euros en 2023. La fermeture de Systovi n’est pas seulement le symbole d’une entreprise qui disparaît; elle représente aussi un coup dur pour les ambitions françaises de devenir un leader dans la production d’énergie renouvable propre et durable.
Paul Toulouse, directeur général de Systovi, exprimait sa tristesse face à cette issue, tout en soulignant la détermination de l’entreprise à accompagner ses employés dans cette transition difficile. Cette fermeture soulève des questions cruciales sur la capacité de l’industrie solaire française à résister à la concurrence internationale, malgré les soutiens gouvernementaux.
Actions et solutions envisagées
Face à ces défis, il est impératif de renforcer les mesures de protection de l’industrie solaire européenne, tout en accélérant le développement de technologies innovantes et compétitives. L’engagement du gouvernement en faveur de l’autonomie énergétique et de l’innovation doit se traduire par des actions concrètes pour encourager l’investissement dans la Recherche et Développement, ainsi que par la mise en place de politiques incitatives pour la relocalisation de la production solaire en Europe.
Il est également crucial de sensibiliser les consommateurs et les entreprises aux avantages de soutenir l’industrie solaire locale, en mettant en avant la réduction de l’empreinte carbone, la sécurité énergétique et les bénéfices économiques à long terme. Ces efforts collectifs pourraient permettre de renverser la tendance actuelle et de poser les fondements d’une industrie solaire européenne forte, indépendante et durable.
En définitive, si la cessation de Systovi est une nouvelle sombre pour le secteur solaire français, elle met également en lumière la nécessité urgente d’adopter des mesures robustes pour protéger et stimuler l’industrie photovoltaïque locale. L’avenir de l’énergie solaire en France et en Europe dépendra de notre capacité collective à relever ces défis avec innovation et persévérance.