Bordeaux en crise : comment cet accord change tout pour les vignerons ?

Crise viticole à Bordeaux : accord pour une rémunération équitable des vignerons

Nous sommes confrontés à une situation délicate dans la région viticole de Bordeaux, où les vignerons réclament une rémunération plus juste pour leur production. Cette requête trouve son origine dans une conjoncture où la surproduction et les défis à l’exportation ont conduit à une chute drastique des prix. Afin d’aborder cette crise viticole, une réunion a été organisée, réunissant vignerons, négociants, et distributeurs, pour discuter de solutions viables et équitables.

Un appel à une rémunération équitable pour les vignerons bordelais

La problématique principale au cœur de cette crise viticole repose sur le prix de vente des bouteilles de vin de Bordeaux. Avec des tarifs effondrés dans les grandes surfaces, atteignant parfois 1,66 euro lors d’achats groupés, la colère et l’exaspération se sont manifestées au sein de la communauté viticole. Les viticulteurs, pour survivre, estiment nécessaire de vendre la bouteille à un prix plancher de 2,70 à 3 euros. Face à cette situation, le collectif Viti33, actif dans la manifestation de cette frustration, a engagé des actions de blocages de sites de négoce et de distribution en Gironde.

La chute des prix est directement liée à une consommation en baisse et à des difficultés sur le marché international, engendrant une surproduction notable dans le plus grand vignoble AOC de France. Cette dévalorisation s’est matérialisée par des ventes en vrac à des tarifs largement inférieurs aux coûts de production, poussant un tiers des vignerons bordelais à déclarer des difficultés financières au début de l’année 2023.

Des solutions envisagées pour redresser la barre

Le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) a pris cette demande de rémunération au sérieux, envisageant des solutions pour relever les prix. Si certains négociants considèrent les prix rémunérateurs attendus par les viticulteurs comme déconnectés de la réalité, des voix s’élèvent pour trouver un terrain d’entente. Jacques Bouey, figure notable du négoce bordelais, a exprimé son soutien à une convergence d’intérêts bénéfique à tous.

Par ailleurs, une régulation par le biais d’une organisation de producteurs (OP) est envisagée pour permettre aux vignerons d’unir leurs forces et d’influer sur les négociations commerciales. Cette proposition envisage de s’extirper du cadre strict de la concurrence, pour établir des contrats-cadres avec les négociants, tout en veillant à ce que le marché accepte les prix fixés.

Crise viticole à Bordeaux : accord pour une rémunération équitable des vignerons

Des mesures concrètes pour une crise complexe

La réduction de l’offre semble être l’une des pistes envisagées pour rééquilibrer le marché. L’initiative d’arrachage subventionné et la distillation financée par l’État visent à diminuer les excédents, conjointement à une récolte 2023 anticipée moins abondante en raison de conditions climatiques défavorables. Ces mesures pourraient contribuer à une remontée des prix, soutenant les producteurs dans cette période critique.

Cependant, la notion de prix minimum reste complexe, son application à l’ensemble des vins de Bordeaux suscitant débat au sein du secteur et bien au-delà. La récente proposition de loi écologiste sur les prix planchers pour les produits agricoles, bien qu’adoptée en première lecture, semble peiner à convaincre tant le gouvernement que les acteurs de la majorité présidentielle, malgré l’appui prononcé d’Emmanuel Macron en faveur de prix agricoles planchers.

La réflexion sur la nécessité d’une rémunération équitable montre des parallèles intéressants avec d’autres secteurs économiques, comme les mouvements observés sur les marchés financiers, où l’équilibre entre offre et demande, valeur réelle et perçue des biens, représente un enjeu quotidien.

Les prochaines étapes vers une viticulture durable

Si la création d’une organisation de producteurs apparaît comme une solution prometteuse, elle n’est pas perçue comme la panacée par le CIVB. Le vrai défi réside dans la nécessité de trouver des acheteurs pour le vin produit à des prix plus justes, dans un marché global où la concurrence est féroce. Toutefois, l’espoir demeure quant à un retour à l’équilibre, propulsé par les mesures d’ajustement de l’offre et par un renforcement de la solidarité et de la coopération au sein de la filière viticole bordelaise.

Le domaine viticole, au-delà de sa complexité économique et de sa vulnérabilité aux aléas climatiques et de marché, demeure un bastion de la tradition et de l’excellence française. Les défis actuels représentent donc non seulement une question de survie économique pour les vignerons, mais aussi la préservation d’un patrimoine culturel et gastronomique inestimable. C’est ainsi que nous comprendrons véritablement l’importance de construire une viticulture durable, capable de se réinventer face aux crises tout en maintenant intactes les valeurs qui font la renommée des vins de Bordeaux à travers le monde.

Cette crise viticole souligne l’importance cruciale d’une collaboration étroite entre tous les acteurs de la filière pour garantir un avenir prospère. Elle met en lumière la nécessité d’adopter des stratégies innovantes et durables pour surmonter les défis actuels et futurs. En fin de compte, l’unité, la flexibilité et le dialogue s’avéreront essentiels pour naviguer à travers ces temps incertains, vers un horizon plus stable et rémunérateur pour nos vignerons.