TotalEnergies et le force majeure d’Arctic LNG 2 en Russie

TotalEnergies et le force majeure d'Arctic LNG 2 en Russie

Face aux tourments géopolitiques actuels, TotalEnergies a inauguré une manœuvre juridique de taille en se prévalant d’un cas de force majeure, suspendant ainsi ses obligations relatives au projet Arctic LNG 2. Cette décision fait écho aux répercussions des sanctions américaines visant Moscou. Le groupe a ainsi pris les mesures nécessaires pour se conformer aux contrats en vigueur tout en respectant scrupuleusement les sanctions en cours.

Arctic LNG 2 et l’impact des sanctions américaines

La récente imposition de sanctions par les États-Unis contre le projet russe Arctic LNG 2 a eu des répercussions immédiates sur la stratégie de la Russie concernant sa place dans le marché mondial du gaz naturel liquéfié (GNL). L’ambition de Moscou d’accroître sensiblement sa part de marché de 8% à un impressionnant 20% d’ici 2030 semble désormais fortement compromise. TotalEnergies, détient une participation directe de 10% dans le projet, mais les mesures restrictives américaines ont forcé le groupe français à déclencher une procédure exceptionnelle, celle du cas de force majeure, ce qui suspendrait ses obligations contractuelles pour l’année 2024.

Cette annonce signifie concrètement que TotalEnergies ne prévoit aucun retrait de GNL produit par Arctic LNG 2 au cours de l’année en cours. En anticipant cette réalité, le groupe a déjà pris l’initiative de suspendre l’enregistrement de réserves prouvées relatives à ce projet dès 2022. De surcroît, une provision de quatre milliards de dollars a été constituée, témoignant de la prudence de l’entreprise devant les incertitudes générées par les sanctions européennes.

L’annonce de TotalEnergies et ses conséquences

TotalEnergies a fait preuve de transparence en annonçant clairement son engagement dans la procédure de force majeure, une procédure contractuelle qui lui permet de se désengager de certaines obligations dans des circonstances exceptionnelles, telles que les sanctions internationales. Ce faisant, le groupe français illustre son engagement à respecter l’éthique et les principes d’actions en vigueur, même dans les contextes les plus compliqués. Aucun enlèvement de GNL d’Arctic LNG 2 par TotalEnergies n’est donc prévu pour cette année, soulignant la gravité de la situation.

Dans un contexte économique où la stabilité des investissements est devenue un enjeu majeur, à l’image de ce qu’il convient de noter chez d’autres acteurs du secteur – comme la vigilance exercée par JPMorgan à propos d’Air France-KLM -, TotalEnergies montre ici sa capacité à naviguer à travers les complexités règlementaires internationales.

L’empreinte des partenaires étrangers dans le projet

Le projet Arctic LNG 2 n’est pas uniquement le fruit d’intérêts nationaux russes, il s’appuie également sur des investissements substantiels de partenaires étrangers. En effet, outre TotalEnergies, d’autres grandes compagnies pétrolières d’envergure internationale sont impliquées. Ainsi, les entreprises chinoises d’État CNOOC Ltd et China National Petroleum Corp (CNPC), ainsi qu’un consortium japonais constitué de Mitsui and Co et JOGMEC, ont aussi déclaré des cas de force majeure.

Ces annonces illustrent non seulement les défis réglementaires imposés par les sanctions, mais aussi l’interdépendance croissante des nations et entreprises en terme d’énergie. Le projet, piloté par Novatek, le principal producteur de GNL de Russie qui détient 60% des parts, représente donc un enjeu économique et politique crucial, où chaque acteur doit constamment mesurer ses risques et anticiper les impacts des décisions internationales.

Les premiers chargements et les perspectives d’Arctic LNG 2

Malgré les sanctions et le contexte global difficile, les premiers chargements de GNL d’Arctic LNG 2 étaient attendus à destination de l’Asie dès la fin janvier. Toutefois, les quantités chargées seraient potentiellement réduites, reflétant ainsi directement l’effet des sanctions sur le fonctionnement du projet. Deux sources industrielles ont confirmé à Reuters ces informations, suggérant que, si le projet n’est pas totalement paralysé, son potentiel est sérieusement entravé par le poids des contraintes réglementaires.

La situation actuelle met en lumière la fragilité à laquelle même les gigantesques projets énergétiques sont sujets. La complexité des enchevêtrements géopolitiques a profondément affecté Arctic LNG 2, transformant les espoirs et ambitions en défis majeurs. Pour TotalEnergies et ses partenaires, l’avenir de ce projet pourrait requérir une gestuelle stratégique encore plus affinée, une nécessité par laquelle la résilience et l’adaptabilité seront des vertus primordiales.