Depuis l’annonce faite par la BPCE de racheter à 4 € l’action Natixis qu’elle avait elle-même émise à 19,55 €, la colère grogne dans les rangs des petits épargnants. Nombreux sont ceux qui se mobilisent pour que la BPCE revoie à la hausse son offre qu’ils jugent injuste. D’autres ont lancé une pétition afin d’intenter une action collective contre la BPCE. Dans les lignes qui suivent, nous vous emmenons à la découverte de cette pétition qui n’en finit pas de faire des vagues.
Qu’est-ce que Natixis ?
Natixis est la banque de gestion d’investissement et de services financiers du Groupe BPCE, deuxième groupe bancaire en France avec 71% de parts de marché. Organisée en 3 macro domaines, Banque de Financement et d’Investissement, Solutions d’Investissement et Services Financiers Spécialisés, Natixis est cotée à la Bourse de Paris.
Natixis se présente comme « une banque au service de ses clients ». Créée en novembre 2006, elle est l’unité internationale du Groupe BPCE. Cette banque s’occupe de la gestion de patrimoine, de l’offre et de la conception de produits d’assurances et des services financiers, qui sont distribués à travers deux grands réseaux de distribution : banque Populaire et la Caisse d’Epargne. Elle a pour priorité absolue l’intérêt à long terme de ses clients.
Natixis intervient dans la banque de financement et d’investissement à l’international, la gestion d’actifs, l’assurance et les services financiers, y compris les cautions et les garanties, entre autres. Elle est présente dans 38 pays à travers le monde. La plate-forme de la société en Amérique latine comprend des filiales au Mexique, en Uruguay et au Brésil, ainsi que des bureaux de représentation à Buenos Aires, Mexico, Lima et Bogotá. Natixis est basée à Paris.
Thematics Asset Management, filiale de Natixis Investment Managers, dirigée par José Luis León, a lancé un fonds qui investit dans des entreprises qui proposent des produits, des services et des technologies aux particuliers, qui cherchent de manière proactive à assurer leur bien-être physique et mental à long terme. .
Depuis sa création en mars 2019, Thematics AM a atteint 4 milliards de dollars US d’actifs gérés et offre aux investisseurs l’accès à un large éventail de stratégies thématiques telles que l’intelligence artificielle et la robotique, la sécurité, l’économie des abonnements, l’eau et maintenant le bien-être.
Quelle est l’origine de la pétition Natixis ?
Peu de temps après la naissance de Natixis, sa maison-mère, la BPCE a proposé des actions Natixis à ses clients. Le prix unitaire était fixé à 19,55 €. De nombreux petits épargnants, attirés par les profits mirobolants que leurs promettaient les employés de la BPCE, ont souscrit à ces actions.
2,8 millions de particuliers avaient alors souscrit à ce produit que la banque elle-même qualifiait de sûr. Puis la crise économique de 2008 s’est invitée dans l’affaire. Début 2009, l’action de la banque a subi un effondrement très brusque et s’est retrouvée à 0,9 €. La gestion catastrophique de la banque n’a pas non plus arrangé l’affaire. Cette situation a entraîné de graves dommages pour les petits épargnants qui se sont, du jour au lendemain, retrouvés sur la paille.
Début 2021 après avoir subi de plein fouet la crise du Covid-19, la BPCE a annoncé qu’elle voulait racheter les 30% d’actions Natixis encore détenus par des particuliers. Elle leur a donc proposé un tarif de 4 euros par action, soit une somme 5 fois inférieure au prix auquel elle leur avait vendu l’action. Cette offre a immédiatement provoqué le courroux des petits épargnants qui se disent floués par l’offre publique d’achat (OPA) lancée par Natixis.
Ils ont donc lancé une pétition à l’attention de Bruno Lemaire, alors ministre de l’économie. Ils entendent protester auprès des autorités financières contre ce rachat qu’ils qualifient d’injuste.
Les dessous de l’affaire
Ce qui choque les investisseurs, ce n’est pas tant le prix du rachat de l’action que les conditions dans lesquelles se sont vendues ces actions. Afin de booster la vente de ses actions, Natixis a privilégié le réseau de sa maison-mère. Ce sont donc les conseillers-clients de Banque Populaire et de Caisse d’Épargne qui se sont chargé de la vente.
Les clients racontent que leurs conseillers leur ont dit, la main sur le cœur, qu’il s’agissait d’un placement très sûr qui ne comportait aucun risque. Rassurés, certains clients ont acheté ces actions par dizaines. D’autres en ont même pris pour leurs enfants. Bien évidemment, ces arguments de vente étaient faux.
Investir en bourse est loin d’être dépourvu de risques. Une action peut perdre de la valeur en l’espace de quelques minutes et vous pouvez perdre des millions en quelques fractions de secondes. La bourse peut être un bon moyen de gagner de l’argent, mais vous pouvez également perdre beaucoup d’argent.
C’est cette attitude que les pétitionnaires veulent dénoncer à travers cette pétition. Ils estiment qu’on leur a menti pour leur faire acheter un produit qui n’en valait pas la peine. Les conseillers clientèle qui devaient les informer ne l’ont pas fait. Les épargnants reprochent donc à Natixis de les avoir floués et exigent un procès.
Au total, Natixis avait récolté 5 milliards d’euros lors de sa levée de fonds.
Combien de personnes ont signés la pétition Natixis ?
Depuis que le prix de vente de l’action Natixis a été éventé, les actionnaires se mobilisent pour faire signer une pétition afin de demander que l’affaire Natixis fasse l’objet d’un procès équitable. Divers forums et sites web portent d’ailleurs le projet. Les personnes, qui veulent signer la pétition, ont plusieurs voies : sites web, Twitter, courrier, etc. Actuellement, environ 10.000 personnes ont signé cette pétition. Les organisateurs visent 15.000 signatures.
En quoi consiste cette pétition ?
Cette pétition est adressée avant tout aux autorités. Le but est de les amener à prendre leurs responsabilités dans une affaire où elles ont apparemment fait preuve d’un inacceptable laxisme. En lançant une pétition, les associations de consommateurs et les petits épargnants veulent que l’État et la justice française démontrent qu’ils ne sont pas de connivence avec les dirigeants de cette banque.
En effet depuis 2009, un groupement a déposé une plainte au tribunal afin que Natixis soit poursuivie pour tromperie envers ses clients. L’affaire a été classée sans suite à plusieurs reprises au grand dam des petits épargnants qui soupçonnent les pouvoirs publics de vouloir protéger cette banque. Cette pétition vise non seulement à prendre l’opinion publique à témoin, mais également à mettre la pression sur les pouvoirs publics pour qu’ils trouvent une solution.
Les avancées dans l’affaire Natixis
La pétition commence à produire quelques effets. Après avoir essayé de protéger cette banque par tous les moyens, la justice a, sous le poids de la pression, accepté de condamner Natixis une première fois. Le jeudi 24 juin 2021, la 32ème chambre du tribunal correctionnel de Paris a condamné la filiale du groupe BPCE à une amende de 7,5 millions d’euros pour diffusion d’informations trompeuses visant à influencer le cours de la bourse. Rappelons que c’est la plus forte peine pour ce délit.
De l’avis de certains journaux qui soutiennent la pétition Natixis, c’est une véritable déconvenue pour l’autorité des marchés financiers, car cela montre que cette entité n’a pas joué son rôle au moment où il le fallait. Pire, elle a tenté de faire obstruction afin de protéger Natixis. Aux premières heures de l’affaire, elle aurait dû mener une enquête minutieuse et sanctionner les agissements de Natixis.
De l’avis de nombreuses personnes, Natixis a caché de nombreuses informations afin de doper le cours de son action qui en réalité ne valait pas grand-chose. Grâce à ces pratiques punissables, elle a donc réussi à vendre à 19,55 €, une action qui n’en valait peut-être pas le tiers.
Que retenir de l’affaire Natixis ?
L’affaire Natixis démontre une fois encore que les marchés ne sont pas si intelligents qu’on le dit. Contrairement à ce que pensent la grande majorité des économistes, il peut être dangereux de laisser le marché se gérer tout seul. Cette affaire montre également que les autorités de régulation doivent être proactives et contrôler en aval les transactions qui se passent sur les marchés.
Voilà une entreprise qui prend 5 milliards dans la poche de petits épargnants et qui revient quelques années plus tard leur proposer 1 milliard en échange de ce qu’elle leur a pris. Entre temps, elle est toujours en activité et elle fait des bénéfices. La logique aurait voulu qu’elle soit sommée de rembourser ces petites gens qui ont perdu l’essentiel de leurs économies, mais malheureusement des lois et des règles insensées la protègent.
Le plus écœurant est que dans le cadre d’une OPA, ces petits épargnants n’ont même pas leur mot à dire, car l’affaire est censée s’enclencher automatiquement. Signer la pétition Natixis est donc un acte citoyen. Il est, en effet, temps de mettre fin au dictat des marchés. Les banques et leurs employés font massivement de la spéculation pour se faire un maximum d’argent, mais quand il y a des pertes, c’est aux citoyens ordinaires de trinquer.
Toutes les personnes éprises de justice doivent donc signer la pétition Natixis, car la justice voudrait qu’un vrai procès se tienne. Un procès au cours duquel toutes les responsabilités seraient situées. Ce procès pourrait faire jurisprudence afin que les établissements bancaires arrêtent ces pratiques qui sont malheureusement monnaie courante.